3 mars 2016. La traversée d'Eteläsatama, dans le port d'Helsinki pourrait éventuellement se faire à pied. Et ainsi rejoindre la grande roue.
Observation
Fasnacht dans le Lötschental
Wiler (Suisse). 6 février 2016. Deux Tschäggättas patientent avant de se lancer dans le cortège du Samedi gras, pour la fête de Carnaval dans la vallée du Lötschental (Valais).
Objets Suisses #2: panneaux-indicateurs de randonnée
Brienz (Suisse), 31 janvier 2016. Les panneaux-indicateurs des sentiers de randonnée (wanderweg) sont des repères aussi omniprésents qu'utiles; c'est en cela qu'ils font partie de ces objets helvétiques quotidiens (cf. ce billet). Ils peuvent être un point de repère discret, comme c'est le cas ici, ou informer précisément les marcheurs des durées de parcours.
La pièce supplémentaire
Los Angeles (USA), 23 janvier 2015. Un ami étasunien m'a confié il y a quelques années que la voiture devait être considérée comme une pièce supplémentaire du domicile, une espèce de local roulant permettant de placer toutes sortes de choses. Le même ami m'a rappelé cette observation lors de notre passage à côté de ce véhicule qu'il estimait symptomatique de son avis sur la question ("you see!?").
Les personnages de Madère
Madère (Portugal), 4 janvier 2015. Les scènes de nativité locales regorgent de figurines représentant des personnages locaux les plus diverses. Le boucher sur la droite fût l'un de nos points de repères les plus présents. Un jeu de "Où est Charlie ?" en quelque sorte.
Objets vernaculaires
30 décembre 2015, Praz sur Arly (France). La façade du chalet montre une série d'objets vernaculaires de couleur brune. Mais visiblement dans un ordre pas forcément chronologique quant à leur apparition dans l'histoire de l'humanité. Des artefacts qui, chacun en leur temps, indiquent les manières d'être au monde et d'interagir avec lui.
Carnet de l'anthropocène: l'écran des îles
31 décembre 2008, Marie Galante (Guadeloupe, France). Délaisser la plage caribéenne pour explorer la petite forêt attenante et découvrir un écran d'ordinateur. Un moniteur à tube cathodique à l'ancienne mais qui a du faire son chemin marin pour échouer ici dans l'humidité locale. Il en faudra plus d'un pour contribuer à la signature stratigraphique de l'Anthropocène, mais tout de même.
Cale en bois
Paris, 12 septembre 2015. La porte massive de l'entrée du Palais de Tokyo est retenue par cette cale, dont la localisation est doublement inscrite sur l'objet. Pas de méprise possible. Le flot de personnes entrant est énorme mais la cale tient bon, malgré la pluie.
Libraire minimaliste
Belgrade, 15 avril 2015. Un "libraire" aperçu dans une rue proche de l'université locale. Quatre ouvrages sont proposés. Quelques mètres plus loin, d'autres sont un peu mieux achalandés, avec notamment des superbes éditions de "Mos" (Mauss) et de "Didro" (Diderot).
Générations de jouets
Mars 2015, Marché aux puces de Plainpalais, Genève. Plusieurs générations de jeux et jouets trouvés sur un étal... des voitures miniatures (plastique versus métal) aux cartouches de Master System (Sega) et Super Nintendo, en passant par des machine en plastique difficilement identifiables et des clés USB avec ou sans contenu. La photo montre une temporalité écrasée puisque différentes générations d'objets techniques se retrouvent ainsi "sur le même plan" (physiquement sur la table et financièrement puisque tout est à 2 francs ici)
Retour sur les non-lieux
21 octobre 2011, London Heathrow. Un arc en ciel posé dans la zone de contrôle sécurité de l'aéroport; tel une ludification d'un espace software-sorted.
Dans son ouvrage célébre "Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité” (La Librairie du XXe siècle, Seuil, 1992), l’anthropologue Marc Augé développait la notion de non-lieu. Celle-ci fait référence aux aéroports, autoroutes, centre commerciaux ou supermarchés, qui, dans une perspective anthropologique des sociétés contemporaines, renvoie à “un espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni comme relationnel, ni comme historique."
Dans un entretien avec Thierry Paquot (Conversations sur la ville et l’urbain (2008), Augé précise sa pensée, souhaitant revenir sur les incompréhensions multiples que cette notion a suscité (voir notamment):
“Pour moi le lieu était le lieu ‘anthropologique’, qui est un espace à travers lequel on peut lire l’organisation sociale, c’est à dire la constitution symbolique des liens sociaux. Les villages africains étaient absolument exemplaires de ce point de vue puisque l'on y est assigné à résidence : si un homme habite là, c’est qu’il appartient à telle filiation, qu’il est allié avec un untel, etc. Le revers, ou l’avers, de cette contrainte énorme est qu’à la vue de l’organisation de l’espace, on lit le social. […] Le comble du lieu est un lieu gorgé de sens où l’espace signifie tellement que l’on ne peut pas se déplacer impunément, on doit se tenir à sa place au sens figuré et au sens littéral. D’une certaine façon, à l’autre bout, le non-lieu correspondrait à la solution absolue, au moins au sens où certains espaces d’eux-mêmes n’impliquent aucune relation sociale qui codifie des comportements. Il peut y avoir 50 000 personnes dans un aéroport, elles n’ont aucune obligation de tisser quelque lien que ce soit les unes avec les autres. […] L’autre équivoque à lever, c’est que je n’ai pas dit que le non-lieu était mal et que le lieu était bien. Plus que sur la qualité, on doit s’interroger sur le fait que tous ces non-lieux prennent sens à l’échelle mondiale et que pour autant nous n’avons pas eu d’humanité/société qui corresponde à ce type d’organisation, parce que ce type d’organisation spatiale ne définit pas un espace public au sens où d’un espace où se forme l’opinion publique.”
Dans cet extrait, on voit Augé défendre son propos, et discuter les implications de cette notion. Il s'appuie sur son expérience anthropologique, mais le fait de manière vague. Le terme "le village africain" sonne étonnement vague dans ce contexte, ou alors il faut imaginer une référence à un de ses travaux antérieurs que l'on imagine plus précis. Mais ce qui me gêne le plus à la lecture de cet extrait c'est ce "certains espaces d’eux-mêmes n’impliquent aucune relation sociale qui codifie des comportements". La première photographie plus haut renvoie justement à une situation d'un non-lieu Augé-en/augé-esque... qui pour le coup est clairement un espace dans lequel un certain type de relation social est hautement codifié à la fois par des normes (la lecture du site de IATA est convaincante à ce sujet) ou des objets techniques.
A une époque où le fonctionnement de la société semble justement proche de celui d'un aéroport, il parait difficile d'affirmer que "nous n’avons pas eu d’humanité/société qui corresponde à ce type d’organisation." Un texte tel que "Software and the mundane management of air travel" des géographes anglais Rob Kitchin et Martin Dodge est justement une bonne entrée en matière à cet égard.
Danone street
Novembre 2009, Barcelone. Une rue Danone ? Un exemple de privatisation d'espace public à venir ? Ou juste un magasin qui essaye d'agrandir son aire d'influence ?
La rue virtuelle
31 janvier 2015, Marseille (France). En rénovation depuis un certain temps, la rue de la République est un bon exemple d'un lieu souhaitant afficher son potentiel futur, ou, dit autrement, sa virtualité. Plusieurs rez de bâtiments donnent à voir des intérieurs possibles, des magasins certainement souhaités par les régie détenant ces biens... une gentrification possible mais pas vraiment encore certaine d'advenir.
La ville virtuelle s'étale ainsi sur plusieurs centaines de mètres, avec toutes sortes de magasins tous plus absents les uns que les autres. La banalité des scènes représentées frappent évidemment avec la frénésie des boutiques bien réelles et présentent à quelques encablures de là. Celles où l'on peut trouver un bric à brac incroyable du bleu de travail à la corne de gazelle, en passant par des combinaisons de ski 80s, des fruits secs, des bijoux fantaisies ou des robes de mariées au couleurs chamarrées.
De vertes barrières
21 janvier 2015, Compiègne (France). Un passage rapide dans une banlieue pavillonnaire m'a fait rencontrer toutes sortes de chose de ce genre. Il s'agit d'un assemblage de multiples barrières présentes sous des formes matérielles différentes. A droite, le "mur végétal" de cyprès si typique autour des maisons françaises, mais à gauche, on constate que le voisin ne s'est pas ménagé pour créer une zone d'intimité protégé du regard de passants (en général inexistant ici) : grillage métallique, plantes éparses, tenture sur trépied, paroi en plastique, etc. Chacun de ces dispositifs proposent une sorte d'illusion de nature représentée par la couleur verte et un vague sentiment de bazar, comme si les matériaux manufacturés avaient poussé n'importe comment.
Si ma vision de l'extérieur est ironique, il serait intéressant de voir de l'autre côté et de constater comment cette "contraption" influence le propriétaire des lieux.
Les tétrapodes de Buenavista del Norte
5 janvier 2015, Buenaviste del Norte (Tenerife). Comme beaucoup de villes côtières, la nécessité de construire une jetée a reposé sur l'utilisation de ces gigantesque structures en béton que sont les tétrapodes. Au fil du temps, la force des courants est venue éroder ces gros blocs, pour donner ce genre d'objet typique d'un Anthropocène en cours. La rugosité de la surface contraste particulièrement avec les podes présents dans des eaux plus clémentes, ou leur apparence originelle comme on peut le constater sur le brevet grenoblois de ces dispositifs.
La vue sur le cimetière
24 novembre 2014, Tokyo. A l'accueil de l'hotel, un couple de touristes asiatiques à côté de moi demandent poliment dans un anglais parfait si leur chambre a bien un vue directe sur le cimetière. L'hôtesse affirme que oui. Ce qui contente mes voisins et semble même les soulager, me laissant quant à moi intrigué par une nécessité de cet ordre.
Les pendules du Salon Murat
1er juin 2014, Palais de l'Elysée, Paris. Dans le bâtiment principal du Palais, entre la cour et le jardin, le Salon Murat est le lieu qui accueille chaque mercredi le Conseil des ministres de la République Française. La pièce comporte une grande table à laquelle siègent le président de la République et le Premier ministre (les deux se faisant face) entourés des ministres. Parce que tout ce petit monde doit garder un oeil sur le temps, et parce qu'il faut pouvoir lire l'heure des deux côtés de la table, c'est une horloge mécanique à double cadran qui est utilisée. Celle-ci, en cuivre jaune, et signée Jean-André Lepaute, permettant aux deux principaux protagonistes de lire l'heure en même temps, arbitrant de multiples débats et autres conflits.
L'emploi de cette pendule portative à double-cadran obéit à un curieux rituel. Celle-ci ne reste pas sur la table – celle-ci accueillant aussi les présentations d'invités lors des soirées organisées en l'honneur de chefs d'Etats étrangers – mais est disposée là avant chaque Conseil des Ministres. Le reste du temps, elle est placée sur la cheminée du fond, derrière une seconde horloge plus massive qui la cache au regard des visiteurs.
Ce petit objet doré – une des 320 horloges du Palais de l'Elysée – qui rythme les échanges du sommet de l'Etat fait en général son apparition dans les médias lorsque ceux-ci rapportent les tensions liées aux débats gouvernementaux, et aux discussions houleuses entre le président et le Premier Ministre. Il serait ainsi curieux de se demander comment chacun y fait référence, comment ses indications resurgissent sur les discussions, d'analyser les gestes qui s'y rapportent, voire de s'interroger sur son importance lors des années de cohabitation...
Domes de Detroit
4 octobre 2012, Detroit. La gare désaffectée de la ville est un des lieux marquants de l'endroit. Aussi gigantesque qu'inoccupé, le bâtiment interroge quant à l'ensemble de phénomènes qui a pu mener à la présence d'un immeuble aussi massif dans un tel no man's land. Mais ce n'est pas le plus curieux dans ce coin-là du Michigan. En effet, lorsque l'on se promène derrière la gare, et que l'on franchit un amas de broussailles, on trouve un ensemble de dômes géodésique. La couleur et la forme sont assez marquants, en partie par contraste avec les alentours (c'est peut-être aussi la rencontre par le passé avec une bande de raëliens proposant une architecture de ce type pour accueillir les extra-terrestres qui m'a sensibilisé à ce genre de construction).
Il semblerait que ces dômes aient été construits ici par Leo Gillis, le frère de Jack White du groupe The White Stripes, en 2000. Gillis avait acheté les dômes en kit à American Ingenuity, une organisation spécialisée dans ce type de construction.
Même s'il s'agit d'un modèle différent, ces dômes sont un exemple construit de projets de structures géodésiques proposées par l'architecte Richard Buckminster Fuller (dont on peut trouver les brevets sur le Web).
De telles structures, résolument modernistes, font partie d'un imaginaire en général associé au "futur" (celui qui devrait avoir un f majuscule), mais on peut les construire avec des matériaux finalement très simples tels que le bois. Comme par exemple avec cette structure temporaire que l'on trouvait en 2011 à Lyon lors de la Biennale d'Art Contemporain dans le jardin de la Fondation Bullukian:
Magritte à l'EPFL?
11 avril 2007, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse). L'ajout d'un mot à la signalétique locale, par un facétieux observateur qui a fait le rapprochement entre l'interdiction rédigée ici à demi-mot (traduction: si un cendrier n'est pas une poubelle, il ne faut pas jeter dedans de gros objets) et le "Ceci n'est pas une pipe" du surréaliste belge.
L'apparition de l'oiseau bleu
27 Novembre 2014, Akihabara, Tokyo. Une petite boutique dévoile son travail en cours. Un objet local attire mon attention.
D'un intérieur plutôt désordonné – rempli de cartons, de feuilles de papier éparses, de feutrine et de rouleau – apparait un oiseau bleu malicieux qui me fait un clin d'oeil. Alors qu'il n'est pas terminé, comme en atteste l'absence d'ailes, ses concepteurs semblent ici l'aérer, ouvrant tout grand les écoutilles de leur étrange atelier. L'animal semble seul, en pleine mue, bientôt prêt à voler de ses propres ailes; celles-là mêmes qu'il lui manque encore...