1er juin 2014, Palais de l'Elysée, Paris. Dans le bâtiment principal du Palais, entre la cour et le jardin, le Salon Murat est le lieu qui accueille chaque mercredi le Conseil des ministres de la République Française. La pièce comporte une grande table à laquelle siègent le président de la République et le Premier ministre (les deux se faisant face) entourés des ministres. Parce que tout ce petit monde doit garder un oeil sur le temps, et parce qu'il faut pouvoir lire l'heure des deux côtés de la table, c'est une horloge mécanique à double cadran qui est utilisée. Celle-ci, en cuivre jaune, et signée Jean-André Lepaute, permettant aux deux principaux protagonistes de lire l'heure en même temps, arbitrant de multiples débats et autres conflits.
L'emploi de cette pendule portative à double-cadran obéit à un curieux rituel. Celle-ci ne reste pas sur la table – celle-ci accueillant aussi les présentations d'invités lors des soirées organisées en l'honneur de chefs d'Etats étrangers – mais est disposée là avant chaque Conseil des Ministres. Le reste du temps, elle est placée sur la cheminée du fond, derrière une seconde horloge plus massive qui la cache au regard des visiteurs.
Ce petit objet doré – une des 320 horloges du Palais de l'Elysée – qui rythme les échanges du sommet de l'Etat fait en général son apparition dans les médias lorsque ceux-ci rapportent les tensions liées aux débats gouvernementaux, et aux discussions houleuses entre le président et le Premier Ministre. Il serait ainsi curieux de se demander comment chacun y fait référence, comment ses indications resurgissent sur les discussions, d'analyser les gestes qui s'y rapportent, voire de s'interroger sur son importance lors des années de cohabitation...