Smart interview of my favorite french comic writer: Pierre la Police (in english). It appears that he foreshadowed the mad cow disease phenomenon in my series entitled La Balançoire de Plasma (the plasma seesaw). It is some kind of pharmaceutical western in which cannibalistic super heroes - but they are actually seaweed - are fighting against an infectious species of potato flour coming from the moon.
I especially like :
What are your other influences (writers, science fiction, music, cinema...) ? A tuna tin, gunshots, dog clothes, certain types of dust bags, the phenomenon of steam, microwaves...
Note for my reader : yes I am back to bullshit-post on this blog, many of you thought it would disappear but I won't leave this blog empty of weird stuff !
Interview (in french) :
D'où vous vient cette obsession pour la maladie, les mutations corporelles et les insectes? Est-ce une sorte de « pendant humoristique » aux films de David Cronenberg ? Une parodie d'histoires de soucoupes, violentes, de lhomme de Roswell et autres délires galactiques ?
Ca c'est le goût du mystère que m'ont laissées les publications que je lisais dans ma jeunesse. Tout y est passé, des romans-photos palestiniens où des scientifiques remontaient le cours du temps et tuaient des monstres préhistoriques pour extraire des amphétamines de leur moelle épinière, des revues pour enfants autistes illustrées de photos de scalps de yétis et j'en passe... Pour moi ça n'a rien d'obsessionnel dans la mesure où je ne pense tout simplement pas à ces choses-là. Quand j'écris des histoires il arrive parfois qu'on retrouve certains thèmes comme par exemple celui du changement, de la transformation. Certains de mes personnages changent tellement souvent d'apparence qu'ils n'ont plus aucun visage à eux en définitive. Sous des prétextes les plus divers on peut les voir apparaître sous les traits de Steeve Mac Queen ou d'une courgette, c'est comme ça !
Comment sont nés vos personnages mutants comme Fongor ou Félicien ? sont-ils vosMickey et Donald personnels ?
Fongor et les mutants Thémistecle étaient déjà là avant moi. J'en ai fait une version personnelle mais ils sont issus de l'inconscient collectif. la seule différence c'est que, dans l'inconscient collectif, ils ne portent pas de perruques et ne font pas de trafic de cigarettes.
Pourquoi avoir choisi un circuit de distribution parallèle pour vos publications ("Un regard moderne" et dautres librairies underground)? Vous sentez-vous proche de l'esprit graph-zine ?
Les choses se sont faites tout naturellement de cette façon. Il se trouve que j'ai commencé par éditer moi-même mes premiers livres à une époque où beaucoup de choses se passaient dans le monde des graph-zines, il y avait des groupes qui émergeaient d'un peu partout et j'ai pris la vague. Aujourd'hui je touche un public plus large sans pour autant être dans le circuit de distribution courant. Le fait est que les principaux éditeurs, bien que séduits par mon travail, sont tenus par des logiques commerciales qui leur interdisent de prendre le risque de sortir des produits qu'ils jugent trop atypiques. Par ailleurs, je ne pense pas être un auteur de BD et j'apprécie le fait de travailler avec des gens comme Jean-Pierre Faur où les éditions Cornelius. Ils ont davantage de liberté dans leur politique éditoriale.
La France profonde et la majorité silencieuse semblent être un de vos angle d'attaque privilégiés, pourquoi ?
Quand on évoque la France profonde, on imagine tout de suite l'homme de cro-magnon sur son motoculteur, le front fuyant et la bave aux lèvres. On est loin de la réalité. J'aime écrire dans le registre de la bêtise parce que c'est drôle et que c'est quelque chose que nous avons tous en commun, rien à voir avec une bêtise discriminatoire qui ne serait partagée que par le "peuple des abîmes" (rires).
Pourquoi tissez-vous souvent des liens entre le monde politique et une forme d'absurdité surréaliste ? Dans vos dessins de la campagne des législatives dans les Inrockuptibles par exemple...
Le fait de travailler chaque semaine sur une chronique liée à l'actualité est quelque chose de relativement nouveau pour moi. Relater des faits d'actualité n'est pas mon travail, il a fallu trouver une autre approche. Aujourd'hui on mange de l'homme politique à tous les repas, ils ont tous leur marionnette à la télé, c'est quelque chose de très familier, ça l'a peut-être toujours été. Quand je parle des hommes politiques dans ma chronique je me réfère seulement à leur enveloppe. On à l'habitude de voir le nom "Lionel Jospin" associé à des mots comme "premier ministre" ou "budget parlementaire" mais jamais à des mots comme "tagliatelles" où "orteil", alors j'essaye de rétablir l'équilibre. C'est vraiment un sale boulot (rires)
On se rappelle des dessins de Robert Hue parlant de son "admiration pour le racisme" ou de vos déclarations sur la "mauvaise haleine de Laurent Fabius" ou l'attrait pour la charcutaille de Juppé. C'est juste de la dérision ? du énième degré ? Autre chose ?
Alors là attention, on parle d'autre chose. Exception faite pour Robert Hue que j'ai mentionné dans ma chronique, un Journaliste m'a interrogé sur mes intentions de vote et j'ai relaté le fait d'avoir croisé de près Laurent Fabius et d'avoir été surpris par une très forte odeur de transpiration. Là on est plus dans la fiction, pareil quand je dis avoir vu de mes yeux Alain Juppé et quelques-uns de ses collaborateurs manger vraiment comme des cochons, à s'en mettre partout, le menton luisant de graisse de mortadelle. Je n'invente rien, je le répète : on est plus dans la fiction.
Vous avez publié un ouvrage particulièrement sévère à l'égard de la télévision (« Top télé maximum », aux éditions Cornelius) et vous êtes un utilisateur chevronné du Net. Avez-vous une préférence pour un moyen d'expression plutôt qu'un autre?
Ca me désole mais les gens pensent souvent que j'attaque, que je veux dénoncer tel ou tel truc. Mon propos se résume à employer le vocabulaire, les conventions propres à un domaine particulier et d'en faire des tartines. C'est de « l'entertainment », je n'ai rien contre la télé, d'ailleurs je ne la regarde presque pas. Ce qui me plaît avec l'Internet, c'est, entre autres, le fait que ce soit un chantier en construction avec tout ce que cela implique de dynamisme et de promesses. Et puis aussi le fait qu'il semble en passe de devenir le dépositaire de tout ce qui est possible, imaginable de meilleur et de pire. Mais au moins tout est centralisé, fini le chaos, tout est dans la boite. C'est un soulagement inespéré pour l'homme moderne.
Quels sont justement les supports avec lesquels vous sentez-vous le plus à l'aise. Un magazine périodique, un quotidien, un album ou un support multimédia (cédéroms, Internet, les shlacks, nouvel avatar des pogs ) ?
Sans hésiter, le support image filmée, cinéma ou télé. Par le dessin on peut toucher les gens jusqu'à un certain point, mais au cinéma ça va beaucoup plus loin, on est dans le domaine de la biochimie. Certains films provoquent des sécrétions d'adrénaline, de thyroxine où tout ce qu'on veut. Il y a une expérience scientifique assez intéressante à ce sujet : des projections répétées de films stimulant la sécrétion d'hormones féminines chez des sujets mâles ont entraîné chez ceux-ci une diminution du système pileux et un développement considérable de la poitrine. Les films de John Carpenter sont réputés pour stimuler le système neurovégétatif, Alfred Hitchcock préférait irriguer la rate et le pancréas, etc. Chacun son truc
Pourquoi ce site "Quality Intruder", parodie drolissime des sites d'entreprises type high-tech, force de vente et winner des années quatre-vingt ? Le monde de l'entreprise vous intéresse-t-il ? Et sa capacité à générer un jargon aussi éloigné de la langue française que Luis Mariano du heavy metal ?
Avec Internet, on a l'impression d'assister à une nouvelle ruée vers l'or, beaucoup de gens réalisent que c'est le terrain où sont en train de se jouer les gros marchés de demain. Tout le monde veut y avoir sa place. Les hommes du marketing sont déjà là et ils ne parlent pas la même langue que nous. Mon site "Quality Intruder" est une excroissance commerciale, une prolifération incontrôlée de termes et d'images empruntés à la culture d'entreprise. Il ne s'agit pas d'une parodie, c'est parti d'un réel désir de mimétisme, l'envie de faire pareil, d'imiter un catalogue de prestations de services d'entreprise commerciale de vente. Ce qui est assez frappant à chaque fois c'est le fait que, pendant la réalisation on se dit : " Ah quelle déconnade!" et puis de revenir sur le modèle original et de se rendre compte que c'est exactement de la même teneur. Nous vivons dans des glossaires, des catalogues de mots fabriqués pour désigner des concepts abstraits introduits dans nos esprits par les programmateurs neurolinguistique de Walt Disney Incorporated.
Quelles sont vos cibles favorites ?
Je ne tire sur personne. Je ne suis pas là pour dénoncer la télé ou le pape. Dans une de ses chansons Michael Jackson dit " If you want to make the world a better place, take a look at yourself and make a change". S'il devait y avoir une cible, ce serait celle-là.
Vos influences artistiques, sociales, politiques ?
En vrac : l'amiante, la pâtisserie, la mode du frisbee, les bastons au cutter, le chat botté..
Y-a-t-il des gens particulièrement irrités par votre travail ? Vous êtes-vous déjà fait rembarrer dans des journaux ou des maisons d'édition totalement insensibles à votre humour ?
Au début j'allais dans les rédactions pour montrer mes dessins, c'était terrible, ils me tombaient tous dessus et me frappaient avec des nunchakus (rires). Il y a sans doute des gens que mes dessins énervent, c'est normal, on ne peut pas plaire à tous le monde. Je les comprend et il m'arrive parfois de partager leurs opinions. A ceux-ci je dis pardon...toutes mes excuses. D'autres sont envieux, quand vous avez un tant soit peu de succès ils sont jaloux. Qu'ils crèvent, pardon mais qu'ils crèvent.
Réagissez : Bernard Tapie ? Jean-Louis Pradel ? Pierre Mehaignerie ? Bill Gates ? Lady Di ?
J'aurais droit à un bout de gruyère si je donne la bonne réponse?
Vos projets d'avenir ?
Aucun projet, c'est le meilleur avenir que je puisse envisager.