Un aller-retour rapide en car vers un ville de France voisine (c'est ainsi que l'on nomme les départements de Haute-Savoie et de l'Ain dans les cantons de Genève et Vaud) m'a fait retomber dans l'ambiance curieuse de chaines de radio. Et d'un type bien particulier de courant musical qu'on peut rencontrer sur ces canaux : l'eurodance (exemple).
J'associe ce genre à un style typiquement continental européen car j'ai peu eu l'occasion d'entendre cela en dehors. Il s'agit globalement d'une espèce de musique d'ascenseur beaucoup plus rythmée et agrémentée des riffs synthétiques que cette dernière, qui inclue des paroles la plupart du temps en anglais... et composée majoritairement avec des machines, des algorithmes de quantizations réglant la qualité de la voix, et des chanteurs interchangeables quant ils ne sont pas justement des bots. A ce propos, je crois me rappeler d'un reportage télévisé des années 1990s dans lequel on voyait en direct le traumatisme d'une fan d'eurodance qui apprenait que les membres du "groupe" Cappela avaient tous été remplacés au pied levé. Le drame de notre époque en quelque sorte.
Le tout formant une espèce d'esthétique étrange et atemporel que j'associe justement à la fête foraine, aux bals de campagne, et aux cars de transports (ce qui en fait une des différences avec les trains dans lesquels la musique est bannie, ou socialement plus difficile à diffuser). Une esthétique de la mobilité que je perçois comme non-urbaine, suburbaine et populaire puisqu'à ma connaissance on ne retrouve guère dans les aéroports, les TGV, ou les ascenseurs des "igh". Il s'agit peut être là d'une ligne de partage entre différents non-lieux postmodernes que je ne sais pas encore qualifier : le parking de supermarché versus l'aéroport, peut-être. Quoiqu'il en soit, je prends ce genre comme un phénomène éminemment ballardien, mais associé à une autre culture que celle explorée par ce dernier.