Les machines, et les objets connectés au réseau en particulier, ont la désagréable habitude d'avoir des noms impossibles à employer dans une conversation. Et ne parlons même pas de la difficulté à les mémoriser. Certes les adresses IP procèdent toutes du même regroupement de chiffres (128.62.188.203). Certes les administrateurs-réseaux configurent ces appareils avec minuties ("Imprimante-3ème-bureau3256"). Il n'en reste pas moins qu'avec l'accumulation d'objets connectés et la colonisation du numérique dans toutes sortes de machines de notre quotidien, il devient compliqué de gérer tout cela. D'où la mise en place d'astuces et de petits bricolages pour se faciliter la vie. Nommer les machines semble être un premier pas pour s'y retrouver, comme dans le cas de cette école d'art parisienne dans laquelle chaque imprimante a reçu le nom d'un artiste (Louis Ferdinand Auguste Destouches, dit "Céline" dans le cas présent). L'utilisation du nom d'une personnalité permet l'identification et l'on imagine aisément la discussion qui s'en suit: "J'ai changé la cartouche de Céline", ou "Je crois que Céline a un bourrage papier".
N'ayant pas visité les autres bureaux, je ne sais comment la nomenclature se décline précisément; s'il règne une alternance des sexes suivant les étages ou les départements; s'il y a eu un consensus sur les propositions ou si certains s'amusent à renommer les dits appareils. Mais il s'agit visiblement d'une pratique commune, que l'on retrouve chez les possesseurs d'aspirateurs Roomba.