Lu ici (Le Monde, Paul Benkimoun)
Le journal de l'Association médicale canadienne publie, dans son édition du mardi 7 décembre, l'étude d'un "cas unique" de "déficience en hormone de croissance et hypogonadisme hypogonadotropique acquis chez un sujet ayant eu des traumatismes crâniens répétés" (...) Les auteurs se sont intéressés à cette personnalité, qui présente un évident retard de développement pubertaire et de croissance, et pensent "avoir découvert pourquoi Tintin, le jeune reporter dont les histoires ont été publiées entre 1929 et 1975, n'a jamais grandi davantage et n'a jamais eu besoin de se raser". Tintin avait 14 ou 15 ans lors de sa première apparition et devait donc avoir 60 ans lors de sa dernière aventure auprès des Picaros. Pourtant, il n'arbore dans cet ultime épisode "ni barbe ni cheveux blancs, et il ne présente aucun signe de développement pubertaire".
L'équipe à l'origine de cette publication présente une composition assez inhabituelle : Antoine Cyr, âgé de 5 ans, et Louis-Olivier Cyr, âgé de 7 ans, ont travaillé aux côtés de leur père, Claude Cyr, 33 ans, professeur associé de médecine à l'université canadienne de Sherbrooke (Québec). Ils ont repéré 50 pertes de connaissance caractérisées dans 16 des 23 livres d'aventures consacrés à Tintin. Parmi ces pertes de connaissance, 43 sont consécutives à un traumatisme crânien, provoqué le plus souvent par un bâton, mais aussi des blessures par balles, un empoisonnement au chloroforme, des explosions, des accidents de voiture et des chutes.
Les auteurs déplorent le manque de données médicales : pas d'information sur la période périnatale, pas d'imagerie cérébrale pratiquée après ces traumatismes. Néanmoins, il leur paraît possible d'avancer une explication aux anomalies médicales présentées par notre confrère belge : les traumatismes répétés ont entraîné un retard de croissance et de début de puberté, et un manque de libido, ce dont tous les lecteurs de Tintin ont pu se rendre compte.
Malgré les limites méthodologiques de cette étude, il est licite de considérer qu'elle éclaire une dimension laissée dans l'ombre par Hergé. Après tout, au moment où le secret médical est battu en brèche en ce qui concerne les pathologies dont souffrent des chefs d'Etat, il serait peut-être temps que les ayants droit d'Hergé livrent aux lecteurs de Tintin son dossier médical.