Bookmarklets | MOVABLE TYPE french hiphop about scifi !!! interview in the extended version of this post (in french les cowboys) Interview (Novembre 2003) " Gravité Zéro" ::
Rangez vos chaînes en or, vos flingues et vos biatchs, laissez place au space cadillac, land speeder et retroblaster. Mardi 4 octobre, 17 heures, nous nous trouvons à Nancy en compagnie de Gravité Zéro pour une interview consacrée à leur album concept, qui ose allier le hiphop au monde de la science-fiction. James delleck, Deufré Le Jouage et Dj Detect, confortablement installés dans leur canapé, avant leur concert qui a lieu le soir même en compagnie de TTC, se sont laisser prendre au jeu et nous ont dévoilé les dessous de leur album.
La création de Gravité Zéro
Cult'Urban : Peut-on savoir quand et dans quelles circonstances le projet gravité zéro a-t-il vu le jour ?
Le Jouage : Lidée est venue il y a 2 ans environ. Au tout départ cétait un simple projet que lon voulait faire tout les deux et ce nétait pas forcement basé sur la SF, cétait plus un projet commun. Et au bout dun moment on sest dit pourquoi ne pas aller dans ce secteur là surtout quil y avait beaucoup de choses à explorer.
Delleck : Et arrivé à 2 morceaux on commençait, sans communiquer, à aller dans la même direction, à faire un truc « futuriste » entre guillemets sans que ça soit péjoratif. Et cest vrai qu' après, ça nous a peut être donné envie daller gratter plus long et de faire un truc plus construit surtout. Si on a décidé de faire un album, cest pas comme si on faisait quelques morceaux en oneshot, on pouvait pas faire un album comme ça, donc il a fallu quon réagisse et quon fasse un truc coordonné, quon réagisse en thème et quon essaye de bien clarifier la chose pour qu'il y ait matière.
LJ : Ce qui a donné Gravité zéro !
C : Et comment le nom Gravité Zéro vous est-il venu ? Y-a-t-il quelque chose derrière ce nom ?
D : Non cest plus le fait que cest un album concept et quil ny aura pas de gravité zéro 2, et comme là on a gratté sur 16 morceaux, on se voit pas refaire des redits, et artistiquement ça ne serait pas intéressant. Ce qui est important cest de lavoir fait et maintenant ce ne serait pas intéressant de faire une suite à cela. On pense avoir exploré toutes les couleurs de la SF en un album et cest largement suffisant. Et donc gravité zéro, ça exprime cet espèce détat en apesanteur, et il est clair que ce que lon avait envie de faire, cétait surtout de parler de lavenir et particulièrement de l'avenir de lhomme. Je pense que, peut être pas dans 100 000 ans mais sûrement un petit peu plus, il sera clairement dans lespace et donc forcément en apesanteur. Donc gravité zéro ça exprime à notre avis le concept total de lalbum et des idées.
C : Comment vous êtes venu à collaborer ensemble, James Delleck et Le jouage ?
LJ : Déjà nous sommes de la même ville
D : Oui cest peut être plus ça car on est potes avant davoir collaboré ensemble sur des morceaux de Hustla et il (Le Jouage) avait lamabilité de maccompagner quand je faisais des scènes pour mon entité solo. Il a son groupe de son côté donc il ny avait pas de connexions, on est potes avant tout.
LJ : Cest plus une idée qui est venue spontanément en fait.
D : Oui cest ça cest pas recherché en fait. Ce nest pas une réunion comme sur LAtelier (groupe composé de James Delleck, Cyanure, Fuzati, Tekilatex, Tacteel et ParaOne, ayant recemment sorti un album intitulé "Buffet des anciens élèves" NDLR), où potes on lest devenu par la force des choses mais au départ cétait plus une réunion dénergie, on se connaissait pas forcément tous mais on connaissait le travail de chacun alors que là cétait différent avec Le jouage. Cétait linverse, on se connaissait très bien humainement et on a donc mêlé artistiquement nos idées.
La conception de l'album
C : Comment sest déroulée lélaboration des morceaux ? Vous avez décidé dexplorer le domaine de la SF à travers plusieurs parties ?
D : Non, en fait on faisait assez régulièrement un topo de ce que lon avait déjà pour ne pas le refaire. Mais franchement, on n'avait pas vraiment de stratégie et pour la façon de travailler il ny avait rien de prévu. Il y en avait un qui avait une idée, lautre en avait une autre et on mixait tout ça. Etant donné que lon a la chance tout les deux dêtre MC et producteur, on a produit et écrit nos textes de façon dispersée, on rassemblait nos idées. Il ny avait pas de planning. Dailleurs s'il y avait eu un planning, on aurait mit moins de temps (rires).
C : Sinon niveau contenu de lalbum on ressent la grosse influence SF, notamment celle de Kubrick, et les autres références d'où viennent elles ?
Detect : Cest le rassemblement de toute la culture que lon a pu avoir, que ce soit musical ou dans le cinéma ou la lecture. Dans le cinéma ça va de Kubrick à Lynch en passant par Blade Runner.
D : Oui cest ça, mais aussi il faut dire quon n'a pas abordé tout le temps le même côté super sombre et super sérieux de la SF. Il y a des morceaux qui sont au deuxième, troisième voire septième degré et la SF comme courant artistique ne se prend pas tout le temps au sérieux et plus particulièrement dans le cinéma ou là il y a eu des tests de série Z avec des monstres en carton (rires). Mais on voulait garder un petit peu cette tradition car la SF est super riche et super variée. Ca nous permettait dexplorer pleins de couleurs musicales. Par contre, ce que je voulais dire, cest que lon ne sest pas replongé dans la SF pour faire lalbum, on ne sest pas documenté, cest vraiment notre culture de base. On est enfant de Starwars et à côté de ça on a vu « 2001 lOdyssée de lespace » et « 2010 lOdyssée de lespace » que les gens ne connaissent pas forcément et qui est la suite de 2001 et cest vrai quon avait tous les mêmes influences de ce côté là.
Detect : Oui et lavantage, cest quil y a plusieurs degrés de SF . Il y a la SF pure, cest-à-dire limagination et la projection dans lespace où tout est inventé et recréé, et il y a un autre niveau, la SF danticipation, qui a pour base notre temps et que lon projette dans le futur. Et donc à partir de là il y a pleins de thèmes qui peuvent se développer.
Les invités
C : Donc pour cela vous avez invité Hi-tekk du groupe La Caution, il est vraiment bien dans le délire SF ?
D : Oui c'est clair, Hi-tekk cest notre boss à tous ici (rires). Il a une grosse culture pointue et en aucun cas on se qualifie comme des professionnels, on est dhumbles amateurs là-dedans, on chope ce qui nous plaît mais on est pas boulimiques et acharnés comme peut lêtre Hi-tekk. De ce côté-là, cest clairement une bible de la SF. Cétait indécent de ne pas linviter.
C : Que tirez vous de cette collaboration avec Hi-tekk et Buck 65 sur le morceau « Trou noir » ?
D : Ce morceau où l'on se retrouve à 4 sur des animations de DJ Fab ( « DJ Fab lover ») au refrain, on en tire vraiment que du bon. Il peut y avoir des morceaux où tu te dis "si seulement on avait fait ci ou ça" alors que ce morceau, Trou noir, moi personnellement jen suis super fier. Les gens pourront dire quil est freestyle alors quil ne l'est pas car on avait tous une ligne directrice qui était le trou noir et jai limpression que tout le monde sen est sorti haut la main même si ça peut être prétentieux. Il y a eu une super bonne cohérence.
L'album
C : La sortie de lalbum cest aujourdhui-même, mardi 7 octobre .
LJ : Non, la sortie est le 4 novembre, elle est repoussée.
C : Vous avez des attentes particulières ? Vous navez pas peur que certaines personne aient du mal à comprendre le lien SF/RAP ?
LJ : Pas spécialement car à la base, on a fait ce que lon voulait, à partir de là on aime ou on aime pas. Nous on aime notre taf et on a pas à avoir de regrets mais bon après cest sûr que cest une question de goût.
D : Il y aura forcément des gens qui naimeront pas ou qui naccrocheront pas. Déjà on est pas à notre premier coup dessai sans vouloir jouer les papys, on a débroussaillé un petit peu avec des groupes comme TTC, Le Klub des Loosers ou même Language Computer , le groupe de Detect. On a déjà sorti des disques avant, et sans que ça parle de SF, on était déjà confrontés à des murs ou à des portes ouvertes selon les personnes donc on peut ne pas se poser la question.
Detect : De toute façon tu ne fais pas ça en fonction du public.
D : Si on fait ça en fonction du public, cest fini, on est mort, cest une logique dartiste plus que de rappeur ou de compositeur. A partir du moment où tu fais quelque chose en fonction des goûts du public, cest fini. Tout le monde fait ce quil veut mais nous en tout cas ce nest pas notre politique, ni celle de notre entourage.
La pochette
C : Sinon concernant les graphismes du maxi et de la future pochette. Qui en est lauteur ?
D : Cest quelquun qui sappelle Frederic Perrot et qui a comme passion la SF. Son travail consiste en une image, et non pas en une BD, à exprimer toute une histoire. Donc ça nous a plu et techniquement, cest assez impressionnant. Car il ne dessine pas sur papier, il crée directement sur photoshop et il ne scanne rien. Ce nest pas des dessins retouchés mais directement fait pixel par pixel sur ordinateur donc cest minimum 600 heures de travail pour un il, et donc ça lui permet davoir des résolutions de fou. Et à lavenir si ça peut se faire, on aimerait bien mêler les concerts avec une exposition, ça serait vraiment notre envie. Mais maintenant cest plus une histoire de budget car ça revient à 800 environ la sortie sur papier.
Divers
C : Ok donc maintenant, quelques question diverses. Le dernier disque que vous avez écouté et aimé ?
LJ : Ah bien aimé, euh je dirais euh ...
D : Moi Bigg Jus.
Detect : tu parles il la écouté tout à lheure dans la voiture ! (rires)
D : Oui cétait le dernier Bigg Jus NMS.Vraiment bien lesprit Company Flow. LJ : Moi ça remonte à tellement loin. Cétait le bon temps (rires).Non franchement, je ne men rappelle pas.
D : Il y a aussi le dernier maxi de Paraone, « beat down ». Il est impressionnant. Un superbe vinyle si vous avez loccasion .
Detect : Dernièrement jécoute le dernier album de Prefuse 73 sinon à part ça cest que des petits maxis
LJ : Bon moi ça ne me vient toujours pas .(rires)
C : Sinon, concernant le dernier Buck 65 ?
D : Jaime bien, cest un délire de Canadien. Au niveau des prods cest superbe, cest pop et pop-rock et dans ce délire là, cest hyper bien fait. Cest personnel et il ny en a pas deux comme ça. Jaime être surpris par ce genre de chose. Sinon, il y a le dernier album de Tes aussi.
Les projets
C : Et sinon au niveau de vos solos, vous avez des projets à venir ?
D : Moi je vais peut être tâter pour un album ou un EP instru. Mais la prochaine étape cest clairement un album solo.
LJ : Tout le monde a un jour envie de sortir son propre solo pour dire ce quil a envie sans avoir la contrainte dun collègue, mais pour linstant il ny a pas de date de prévue. Cest toujours dans un coin de la tête mais sinon à côté de ça on travaille sur le vrai album de Hustla, donc le solo jy pense mais ce nest pas dactualité.
Detect : Donc moi jai un groupe qui sappelle Langage Computer; qui va sortir en janvier 2004 une quinzaine dinstrumentaux et 3 morceaux rappés . Cest un mélange de musique électronique et de scratchs, avec un morceau avec Buck 65, un avec James Delleck et un avec Hi-tekk. Cest trois morceaux solo. Sinon jai dautres projet avec Orgasmic des TTC, on va essayer de faire un EP avec des morceaux Turntablist et des morceaux en scratch. Moi jai des projets personnels , je produis des sons.
C : Sinon ça vous brancherait de toucher au cinéma ?
D : Cest un rêve denfant pour moi. Ou un jour travailler sur une BO mais concrètement, ce n'est pas du genre poser un morceau sur la nouvelle BO de taxi 7 mais plutôt de travailler réellement sur un film qui soit intéressant et sur lequel tu peux vraiment texprimer, ce serait mortel. Donc annonce ça à David Lynch, sil veut je suis ouvert à toute proposition (rire).
Detect : Moi à coté de la musique je fais des études dans le cinéma donc j'ai déjà fait paraître des films, mais après dans la SF cest un autre niveau. Et si tu n'as pas de budget, dans le cinéma, cest impossible.
LJ : Cest vrai que ça peut être bien de faire la BO ou bien un petit rôle genre le mec qui se sert la meuf ! (rires)
D : Oui mais à la fin il se fait caner par le mari (rires). Mais souvent on nous dit que notre musique et notre façon de raconter les choses est très visuelle donc pourquoi pas, avec un budget, faire un film.
C : Ou sinon en plus court, genre un clip ? Il y a quelque chose de prévu ?
D : On est entrain de discuter pour adapter un morceau et il y a des chances que ce soit « Galactica » parce que cest celui qui est le plus ironique avec « Planète » et visuellement ça peut donner quelque chose dintéressant mais de toute façon cest encore au stade de projet et ça ne sera pas avant janvier 2004.
C : Ok donc on vous remercie et un petit mot pour la fin ?
D : Abricot, banane, pomme et pour Gravité Zéro tous ensemble Scoubidou !
LJ : Gravité Zéro sort le 4 novembre et un magnifique concert ce soir !