Musée des Confluences (Lyon, France), décrit par Bruno Latour de la manière suivante dans Le Monde:
"Au bout de cette pointe de sédiment, il n’y a pas que la Saône et le Rhône qui se rejoignent mais, ce qui est plus rare, les collections dites ethnographiques et celles dites scientifiques et techniques. Dans les mêmes salles, côte à côte, on découvre les spécimens les plus étranges que l’évolution des vivants a laissés dans les roches et les objets les plus étranges que les explorateurs et missionnaires ont ramenés de leurs expéditions chez ces peuples que l’empire de la modernisation était en train de faire disparaître. Il y a encore dix ans, une telle juxtaposition eût paru, sinon scandaleuse, du moins superficielle, esthétique. Elle aurait amusé. Or, on ne sourit plus du tout. On compare. On pèse. On apprend. Les géologues proposent d’appeler anthropocène l’époque de la Terre dont ils disent que c’est l’humain qui la façonne avec le plus d’ampleur. [...] Il ne s’agit plus de s’émerveiller, mais de partager une situation où tout se mélange à nouveau et où il faut tenter de s’en sortir – pour éviter de disparaître. D’où l’attention quelque peu inquiète des foules qui se pressent devant des sciences qui ont su un moment se distinguer du reste de la culture et qui s’y trouvent à nouveau plongées. L’expérience est assez troublante : on passe d’un cabinet de curiosités où tout se mélangeait, à un cabinet d’un nouveau genre où il faut à nouveau tout composer. Entre les deux, une longue parenthèse qui nous paraît désormais très ancienne quand les sciences et les mythes allaient le long de chemins distincts sans jamais se croiser – pensait-on."